mercredi 11 novembre 2009

Petit Rat

Je regrette mes cours de danse classique. J'idéalise sûrement les choses avec le recul. Notre prof était ignoble. La femme la moins pédagogue du monde, empâtée, enrobée dans des pulls improbables, fumant beaucoup trop de clopes sur le seuil du préau où la neige entrait en hiver. Nous avions toutes peur d'elle, Arlette. Elle avait un chandail noir avec une étoile dorée, où était écrit CHIC, une serpillère passée cent fois à la machine.

Et pourtant les chaussons roses usés jusqu'à la corde, troués sous les talons et au bout du pied, le justaucorps, le cache cœur, la cinquième, l'arabesque, la dent perdue d'Angéline, nos listes de Noël échangées entre deux entrechats, la musique classique. Mes crampes au pied. La souplesse.

C'est tellement beau la danse, je n'ai jamais rien vu de plus beau que ce ballet, où l'Ange Gabriel violait Marie (oui, c'était de la contemporaine, c'est conceptuel). Un danseur c'est de l'art en mouvement, il est à la fois l'artiste et l'œuvre. C'est plutôt fort.

Quand parfois sur scène je ne sais pas quoi faire de mes mains, où quand je me rends compte trop tard, sur un écran, que mes épaules sont courbées, que je me tiens mal sans le savoir, je meurs d'envie d'avoir cette maîtrise parfaite du corps, de savoir où je suis exactement dans l'espace. Je rêve d'airs de piano, de rythme scandé à voix haute, jusqu'à 6, de grand miroir et de barre, de cadence et de grâce, de chignon qui dégage le visage et d'un corps structuré qui travaille. J'ai peur du chantier qui s'effrite.



dimanche 25 octobre 2009

I love clothes! Too much...

Quand je me lance dans un samedi après-midi exclusivement dédié au shopping, plusieurs névrosées du vêtement s'opposent en moi.

- L'exagérante : De toute façon j'ai plus rien à me mettre.
- La moralisatrice : Non mais tu es folle ma vieille, comme si tu n'avais que ça à foutre de dépenser de l'argent en ce moment... Tu lâcherais pas deux euros à un clodo tellement t'es fauchée...
- La frustrée : Si j'achète pas cette robe, je vais pas m'en remettre. Et ce pull. Et ce jean.
- La déconnectée du réel : Sympa le mini short ! (nous sommes bientôt en novembre)
- La conciliante : Bon, j'achète plus rien pour aujourd'hui, les collants on verra le mois prochain. On est le 24 octobre... Dans une semaine on est en novembre. On verra la semaine prochaine.
- La rassurante : Il est très bien ce pull. Il me tiendra bien chaud. Je fais bien de m'acheter un pull.
- La philosophe : Voltaire disait "Le superflu est une chose nécessaire". Je m'achète des fringues et j'ai rien dans mon frigo...

Je n'ai pas une vie facile.

mercredi 14 octobre 2009

Soap

J'aimerais vraiment dépasser les 15 ans d'âge mental en ce qui concerne la gestion de ma vie sentimentale...

dimanche 27 septembre 2009

Morphée a des idées bizarres

J'ai rêvé qu'il arrachait les boutons de sa chemise pour me les donner. Chemise blanche, un bouton blanc, un jaune, un blanc, un jaune, le tissu qui reste pudiquement fermé sur son torse. Qu'aurait dit l'Oncle Sigmund ?

dimanche 20 septembre 2009

Vite fait

3 cartons de livres, magazines Vogue et Télérama, DVDs, CDs, papiers, 7 boîtes à chaussures, un sac de chaussures, 3 valises de fringues, posters, imprimante, lampe de chevet (cadeau de mariage de mes parents), sacs, ceintures, 1 bouquin pour le trajet, iPod, Mac, carnets...

Je déménage et je me trouve face à un tas de cartons. Que faut-il emporter avec soi, laisser derrière ? Sans surprise, j'ai commencé par les livres, comme une impulsion. Ils sont la première chose à laquelle j'ai pensé : lesquels me représentent le mieux, m'inspirent le plus, lesquels je relirai, ceux que j'ai envie de lire enfin. Quand j'entre chez quelqu'un pour la première fois, je regarde sa bibliothèque. Ça me rassure de penser que mes rangées de papier me définissent en un coup d'oeil, qu'elles peuvent me rappeler qui je suis quand je suis perdue.

J'emporte un peu de mon bordel, il n'y a rien de plus déchirant que de vider des tiroirs en écoutant Bon Iver. Je choisirai quelque chose de plus entraînant pour en remplir d'autres. On part toujours pour arriver, on quitte pour trouver. Ce ne sont pas forcément des repères que j'emmène avec moi, ni des souvenirs, mais plutôt ce dont j'aurai besoin à l'avenir, ce qui peuplait mon imaginaire et va devenir vrai.

Good bye !

lundi 14 septembre 2009










J'ai vu Amsterdam

... et franchement, c'était cool. Je ne peux pas vraiment décrire, c'était juste bien, beau, arty. Je me suis dis "j'habiterais bien là" au moins cent fois, en passant devant de vieilles façades aux baies vitrées modernes ouvertes sur des salons ou des ateliers remplis de tableaux, de plans, de meubles designs, donnant sur un canal et son enchaînement de ponts, de vélos, de canards, le petit resto qui va bien au coin de la rue, les boutiques indé avec tout et n'importe quoi. Il y avait vraiment une âme, partout. On oubliera la partie touriste beauf qui vient se faire des putes... Amsterdam m'a surtout laissé une impression de ville à taille humaine qui bouge, avec une forte identité, et plein plein plein de bonnes adresses pour manger, chiner des fringues, des vinyles, des affiches de la Nouvelle Vague, des meubles, des bouquins... Ouais en fait c'est ça, Amsterdam a bon goût.

Winter 09'

Ma plus grosse prise de tête du moment : comment porter mon boyfriend jean cet hiver ?

Ouais...

lundi 7 septembre 2009

Sisyphe sort de ce corps !

L'été c'est la grande pause. Je prévois toujours plein de choses à faire, mais j'oublie que c'est le pire moment de l'année niveau dynamisme. Résultat, j'ai lu un livre et demi sur un million, vu trois films, regardé beaucoup trop la télé, travaillé le reste du temps. J'ai le dos bousillé, des cals aux mains, des bleus partout, pas tant d'argent que ça. J'aime pas l'été.

Je ne supporte plus de passer des journées en allant à l'encontre de tout ce que je suis ou veux être. J'ai l'impression d'être coincée dans une farce gigantesque. Je suis toujours dans l'attente, tout n'est que projection, à la rentrée je pourrai le faire, mais pas maintenant. Je vis à travers Internet, même mon shopping. J'aime toujours autant les chaussures, et c'est peut être le seul aspect selon lequel je suis encore moi même ces temps-ci.

15 jours, seulement 15 jours encore et je peux commencer ma nouvelle vie. Je veux être happée et me laisser porter par le courant tourbillonnant de la ville, je ne veux plus lutter pour encaisser chaque matin ce boulot que je ne supporte pas. Je veux retrouver la liberté d'être moi, dans mon espace, mon chez moi, celui que je vais créer. Je me rends compte que vivre avec mes parents n'est plus possible, je suis déjà partie depuis longtemps. J'ai besoin de ma vie.

J'entre dans l'ère des possibles. Tous les moyens dont j'ai besoin sont déployés face à moi, je vais enfin pouvoir faire ce dont j'ai envie depuis toujours, être là où je dois être. C'est fantastique, quand on y pense. Je me souviens que, adolescente, je me disais que la ville n'était pas pour moi, que je ne pourrais jamais y vivre sans me sentir étouffée. Ce soir je supplie les heures d'avancer plus vite pour y être, dans ce nouveau monde à découvrir.

Il me tarde d'être en automne car c'est la rentrée, mais aussi pour remettre des collants noirs, opaques, avec des chaussures noires. Je n'y avais pas pensé depuis longtemps, j'avais oublié même, mais c'est ce qui me va le mieux, c'est tellement beau des jambes toutes noires qui courent sur les pavés. J'ai envie d'être à Paris. D'y être, comme de lui appartenir. Allez le 21 septembre, on se dépêche !

vendredi 28 août 2009

I'm considering a move to L.A.

En fait je n'écris jamais quand il faut. Le nombre de choses que je perds... Avant j'avais ce réflexe de noter tout sur le moment, maintenant je me dis toujours "plus tard". Parfois je me souviens, souvent non.

mercredi 12 août 2009



Une roue de printemps vert ? Non Flo, une roulotte peinte en vert. Et je danse.

vendredi 31 juillet 2009

A Paris moi aussi je tenterai ma chance...

La première fois que j'ai vu Paris, je l'ai trouvée franchement laide. Ça commence comme un roman bien connu. C'est vrai, Paris... Paris ! On en fait tout un plat, la plus belle ville du monde et blablabla. Quand j'y suis allée pour la première fois j'ai du faire face à une immense déception. Alors c'est ça ?

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, peut être a-t-on vu les mauvais quartiers, peut-être n'étais-je pas in the mood for the City of Lights. J'ai trouvé ça sale, pas impressionnant du tout, et pas franchement dépaysant. Ouais bon, ça fait français quoi, pas de quoi fouetter un félin. Rien à voir avec Londres la Magnifique qui me colle la larme à l'œil dès que j'y pose un pied.

A l'époque j'avais noté que c'était une ville de fantômes. Les Lumières, les Surréalistes, Aragon et z'Aurélien, Baudelaire, Hugo et bla et bla, tous des morts, dont on conserve le souvenir comme un faire-valoir de pacotille. C'est la ville des poètes et des artistes. C'était, sans doute. Mais la forte impression que j'avais eue en arrivant ne m'avait pas quittée; l'âme de la ville est comme lointaine et morte.

Et puis avec le temps, mais vraiment petit à petit, j'ai commencé à remarquer qu'au détour de cette petite rue... Et que ce parc là... Et cette enseigne là-bas ! J'ai découvert les bons musées au bon moment, mon carnet s'est peu à peu rempli de notes furtives (pour voir des vieux films, cinéma Le Champollion, rue des Écoles, 6°) et ce qui n'était qu'un tas carré de bâtiments gris sans arbres est devenu moins impersonnel.

Paris ne m'a pas explosé au visage, c'est une ville de détails. Ce sont uniquement les détails qui me plaisent là-bas, et c'est sans doute pourquoi j'aime autant les enchaînements de plans photographiques de Christophe Honoré. Dans chacun de ses films, on sent qu'il connaît vraiment l'endroit qu'il porte à l'écran. Il a l'œil, il remarque le petit rien qui fait toute la différence et crée l'atmosphère.

Depuis peu ces détails je les vois, les enregistre, c'est un puzzle qui prend forme. Ils m'aident à m'approprier en partie ce qui ne sera (qui ne pourra) jamais être ma ville. Paris est une chambre d'amis dans laquelle on a peur de froisser les draps en s'asseyant sur le rebord du lit. Ceci dit, j'apprécie enfin d'y passer du temps. C'est peut être parce que les amis sont sympa, finalement.

lundi 20 juillet 2009

I'll never love you more than my Mac computer

Le matin, alors que je me pète soigneusement le dos en faisant des lits, je pense à beaucoup de choses. J'ai toujours su que si je travaillais à la chaîne, je serais écrivain. Je ne travaille pas à la chaîne.

Cela n'empêche que, alors que ma main lisse la sous-taie rebelle qui fait des plis sur l'oreiller, agrémenté d'un motif "paysage de campagne" ridicule et délavé, je pense à beaucoup de choses.

Comme par exemple, que Jacques Demy a compris ce qu'est une petite ville de Province, et à quel point peuvent y croupir les rêves et aspirations d'originaux manquant de chance. Mais avant de tirer des conclusions, il faut que je regarde la deuxième heure des Demoiselles de Rochefort.

Je pense aussi qu'un peintre qui sait par avance quel visage aura la femme de sa vie, c'est de la foutaise. Avant j'aurais trouvé ça beau, peut être. Aujourd'hui ça m'ennuie presque. Ca me fait l'effet de ces téléfilms nauséeux qui passent pendant les Fêtes, à propos du prétendu esprit de Noël. C'est bon, on sait que le mec en rouge, c'était une pub pour Coca-Cola à la base. On nous la fait plus.

Du coup, je pense à mes illusions perdues. J'essaie de retrouver le nom de l'auteur qui a pondu ça en retournant un matelas de 150 kilos sans me luxer l'épaule. La masse retombe à grand bruit sur les lattes; mais c'est bien sûr, nôtre cher Honoré. Avant je croyais sincèrement aux grands sentiments. Puis je me suis rendue compte que le vingt et unième siècle était hostile aux personnes comme moi. Je le vis toujours aussi mal, mais maintenant au moins, je suis au courant.

Si j'ai toujours entendu dire que les garçons étaient plus à même de se représenter les corps géométriques dans l'espace, je crois de plus en plus que pour ce qui est des corps tout court, les filles sont plus douées. Il faut être là, bien en face, pour exister. Perdue dans ma retraite montagnarde au milieu de draps plats, housses, couleurs, blancs, petits, grands, je m'efface peu à peu.

J'ai rêvé récemment que j'allais sur Facebook pour vérifier les actualisations de statuts. Il est loin, le grand amour. Même quand je dors je n'y crois plus. Même dans les livres il me fait lever les yeux au ciel. Non mais genre on y croit.

Je savais bien que vivre dans un hôtel finirait par me rendre misanthrope. Passer l'aspirateur tous les matins pour faire disparaître la crasse des autres n'arrange rien. Je sais que je peux aimer quelqu'un, mais quelqu'un peut-il m'aimer moi ? Pire, peut-on s'aimer ensemble et en même temps ? Ca me parait tellement absurde et impossible que j'en ri.

En refermant les portes des chambres à clé, je pense surtout que je ne sais plus très bien où j'en suis.

mercredi 8 juillet 2009

Some facts

La licence c'est fait. Le concours aussi. L'appart aussi. J'aime bien tourner les pages, je passe ma vie sur le site d'Ikéa. Je pense que je prendrai des rideaux jaunes.

Mais tout ça au final on s'en fout. Ce ne sont que des faits, une marche de plus dans le grand escalier. Ce qui importe, c'est ce qui se passe dans la cage. Ca fait des mois que je n'ai rien écrit, alors je suis tentée de répondre que je ne sais pas.

Je dois terminer mon journal de Nottingham, résumer les dernières semaines et notre voyage à Paris, pour clore, mais je suis incapable de le faire. Mon carnet est là, sur la table de nuit, et j'ai envie qu'il y reste, sans doute. Je m'étais préparée à partir, je savais que c'était fini, j'avais déjà mes projets pour l'an prochain en tête pour m'occuper l'esprit, alors je n'ai pas vraiment souffert. Je m'étais habituée à l'idée de rentrer, cela parassait normal de monter dans cet avion sans éprouver de manque, sans me rendre vraiment compte que je quittais ma terre d'accueil. Pourtant la faille est là, quelque part, et la peine me tombera dessus quand j'en aurais le moins besoin.

Maintenant c'est l'ennui qui m'anesthésie. Je n'aime pas les journées sans but. Je crois que la seule chose qui me permet d'appréhender à quel point Erasmus me manque, c'est de me retrouver avec Claire sur la terrasse des Fleurs un mardi soir, avec seulement trois personnes à la table d'à côté, et trop de place pour me garer, à comparer le prix du demi d'Argelès, de Salamanque et de Nottingham. Le soir arrive et il n'y a rien à faire. Les villes alentours sont décevantes. Nos références ont changé, nos exigeances aussi sûrement.

Je suis en instance en attendant septembre. A chaque fois j'attends l'été pour avoir le temps, et puis le temps s'étire et m'endort. C'est ma saison d'hibernation. Et comme à chaque fois, je me surprends à espérer dès début juillet le retour de la saison d'Apollinaire. Et Paris, Paris !

dimanche 28 juin 2009

Je suis revenue

Attention, dans trois secondes je crève d'ennui...

1

2

3

Voilà.

lundi 1 juin 2009

Blurp

Laissez-moi sortiiiiiiiiiiiiiiiir !

lundi 4 mai 2009

Fucking Good Trips

Je ne sais jamais comment commencer, je réécris cent fois la première phrase. Je suis partie et j'ai bien fait. Je me souviens j'avais peur, mais il y a un monde entre ce que j'ai écrit le 1er avril et ce soir. Je croyais me découvrir, je me suis juste rendue compte que je m'étais perdue, que j'avais perdu Moi. Je croyais être seule mais plein de gens m'attendaient, y compris Moi.

Je ne suis pas seule quand je suis seule, j'entends "pas lonely quand alone". J'avais oublié que je suis de bonne compagnie. J'ai vraiment apprécié n'être qu'avec moi même, un peu, j'étais libre. J'ai prévu, j'ai vu, et je suis revenue. Nottingham sentait bon la maison, après avoir lutté contre Google Map pendant deux semaines. Where do you go ? Market Place. De là je peux prendre le 35. J'avais l'impression de marcher sur des coussins d'air, j'étais là, de retour, la grande roue aussi. Je regardais les rues comme Ulysse a du regarder Itaque. J'étais heureuse. Je le suis.

Mon Odyssée compte autant d'épisodes que de destinations, chaque ville avait son ambiance, ses rencontres, chacune a sa couleur et son atmosphère dans mon esprit, sa musique aussi. Bristol a été la plus belle surprise, je ne m'attandais à rien et j'y ai trouvé beaucoup. A Bath j'ai écouté un Américain me raconter qu'il voulait croire en quelque chose. A Winchester, puis à Swanmore, j'ai compris que je pouvais avoir tort en disant que les gens ne s'attachent pas à moi. J'ai aimé les nuits de Portsmouth et de Southampton. J'ai voulu emmerder la face du monde à Brighton, j'avais fui et c'est là-bas qu'on m'a rattrappée. J'ai trouvé la force d'aller à Douvres, pour voir les falaises que le fog m'a caché. J'ai été émue par Canterbury, j'ai eu envie d'avoir la foi, un jour peut être. J'ai déambulé dans Cheltenham sans en trouver l'âme. J'ai vu une pièce de théâtre et un steeple, je l'ai partagé avec une Hollandaise qui allait jusqu'en Irlande à vélo. J'ai visité un manoir dont le propriétaire est resté un enfant. Et surtout j'ai admiré les Costwolds encore sauvages depuis le haut d'une colline, à cheval dans le vent des hauteurs.

Je l'ai voulu et je l'ai fait. J'ai l'impression d'avoir une lumière à l'intérieur de moi. Je voulais absolument voir les falaises de Douvres, uniquement les falaises, je voulais qu'elles me réjouissent après le coup de Brighton. Mais le brouillard était trop épais. Malgré tout j'ai décidé de profiter de cette journée, alors je me suis perdue dans un dédale d'escaliers exprès, j'ai vu le château et le plus vieux bâteau du monde, et l'intérieur de la ville que j'ai trouvé joli. Et après ça seulement, après être montée dans le bus, alors que je sentais que je regretterais à jamais de ne pas avoir vu les falaises, le soleil s'est levé et elles étaient là, blanches et magnifiques, le long de la route vers Canterbury. J'aime transformer cette histoire en métaphore.

Surtout, j'aime me rappeler de cet instant précis, à Cheltenham, en chemin vers la gare pour prendre le train vers Nottingham, traversant le petit carrefour mes énormes sacs sur les épaules, cet instant où j'étais légère et libre, deux semaines de voyage derrière moi, cet instant où je me suis dit que c'était drôle de trouver la paix dans une ville aussi vide et triste. C'est donc qu'elle vient de moi, la paix. J'ai même souri je crois.

Alors oui, bien sûr, je me trouve très moche en ce moment, je déteste l'idée d'entrer bientôt dans ma vingtéunième année sans amour, encore, mais j'ai réussi à sortir de terre cette force que j'avais oubliée, et qui me fait dire "et alors ?". Tant pis, on avance, on prend un nouveau train vers une nouvelle étape. Le printemps est superbe cette année, je m'en souviendrai toute ma vie. J'ai rarement autant ri, autour d'un thé à Rutland, ou avec Agathe, en imitant mon prof de théâtre. Je vais à Paris la semaine prochaine. Je dois écrire un essai sur Death Proof. La vie peut être cool quand on veut.

mercredi 1 avril 2009

Bad Trip

Quand je vois à quelle vitesse j'ai repris les vieilles ( et mauvaises ) habitudes de la maison, je me demande quelle influence Nottingham a eu sur moi, et si cela sera durable. Je m'inquiète. J'ai tellement entendu dire que c'est une expérience qui marque à vie que je m'attendais à un changement radical. Je m'attendais à être libérée. Et bien non, en fait. Au final je suis encore plus frustrée de constater que même à l'étranger, même en bouleversant mon cadre de vie, je retombe toujours dans les mêmes schémas. Je ne rencontre que des filles, je n'arrive pas à être proche des gens, je ne suis pas présente dans les conversations, j'ai de sérieux problèmes avec les mecs, je fais bonne impression la première fois avant de me ridiculiser, je pense toujours que les gens ne m'aiment pas. Où que j'aille ça me poursuit, ici ou à l'autre bout du monde. C'est moi le problème, et malheureusement je me traine partout où je vais. J'attends un déclic qui peut-être ne viendra jamais.

Dans Les désarrois de l'élève Törless, le film, l'un des personnages décrit les années d'éducation comme une salle d'attente. Je ne veux pas passer ma vie entre ces quatres murs là. Et pourtant, si je ne fais rien, c'est bien parti pour. Souvent on prend la timidité trop à la légère. Les gens qui ne le sont pas ne peuvent pas imaginer la souffrance que c'est, de voir son propre psychisme poser des barrières contre sa volonté, de vouloir faire quelque chose, d'essayer, mais de ne pas pouvoir.

Il faut guérir le mal par le mal. Puisque j'avais le vertige, un peu, j'ai accepté de sauter du haut de ce rocher de 6m et de plonger dans l'eau, en Espagne. Depuis j'en fais des cauchemar la nuit et j'ai un vertige maladif. A force d'aller vers les autres, de tout le temps me forcer à parler, je me recroqueville toujours plus au fond de moi.

Et au fin fond de ma solitude, j'attends. Mais ça n'arrive pas.

lundi 30 mars 2009

Spring is the mischief in me

Je voulais écrire des tas de choses sur mon blog, je me souviens dans le bus entre Nottingham et Birmingham j'écrivais mentalement des billets qui n'existeront jamais.

Ca fait une semaine que je suis rentrée et je ne sais plus très bien comment je l'ai passée. J'ai l'impression de vivre hors du temps, d'être allée à la piscine il y a des années, qu'il ne s'est rien passé aujourd'hui entre mon réveil et maintenant. Je regarde Last tango in Paris sur Fr3 et je ne comprends rien. J'ouvre les yeux à neuf heures tous les matins et je suis exténuée à 22h, je ne suis pas habituée, je suis perdue, je fais plus de choses physiquement que mentalement, je n'existe pas.

Je planifie un voyage que je n'arrive pas à réaliser, encore moins à projeter. Je ne sais pas ce que je vais voir, je vais sans doute avoir peur. J'ai besoin de me perdre, toute seule. La vraie question est est-ce que je serai là-bas ? Avant j'étais en compagnie avec moi-même, mais aujourd'hui je suis seule, toujours. C'est l'épreuve du vide, moi qui ai le vertige.

La vie à la maison n'est plus la même. C'est peut être moi qui ne suis plus la même. En si peu de temps ? C'est possible. Je ne peux plus vivre sans vie autour de moi, sans bruits, sans mouvements, sans extérieur qui me sort de moi. Mon intérieur est fatigué, sans distraction il revient toujours sur cette place pour constater à quel point il est seul et le sera encore longtemps.

Je n'arrive plus à me voir accompagnée, les images se perdent. Je suis triste quand j'y pense. Ma vie est en suspens, dans un autre espace, ce que je vis là-bas est une parenthèse, mon retour à la maison une parenthèse dans la parenthèse. Mon procrastinisme se change en digression. Ca me rappelle mes rêves où je fais des détours, des détours, où je me perds dans un dédale de rues, ces rêves frustrants où mes jambes se traînent, où je n'arrive plus à avancer, avant de me réveiller sans jamais avoir atteint mon but. Je ne sais plus exactement où je vais, je voyage sans carte et sans projet, seulement arriver dans une ville et voir ce qu'il se passe. Le problème, c'est s'il ne se passe rien.

Une semaine a placé des années lumière entre Nottingham et moi. Je n'arrive pas à croire que je vais y retourner. Je me surprends à ne pas en avoir envie, l'immobilité m'empoisonne. Je ne devrais plus vivre ici, ce village que je déteste m'engloutit et m'englue à lui. C'est trop facile le confort. Il m'a fait oublier la voix de mes amis de Rutland, les bruits du couloir, seul le rire de Louise au téléphone persiste. Full of life.

Je suis revenue et des choses fondamentales ont changé. Le mur de l'autre côté de la petite route, chez mes grands-parents, est tombé. Je l'ai regardé pencher de plus en plus, soutenu par la vigne qui l'a fait vaciller, j'ai vu sa peinture rouge s'écailler, devenir vieux rose, comme la vigne en automne. Je vieillis, sur les photos de mon enfance, désormais, le paysage sera différent de celui qu'on peut avoir sous les yeux au présent. A la place, il y a trois rangées de mottes en béton, et des poteaux en ferraille qui supportent un grillage effroyable. Ca m'a fait penser au poème de Frost, Mending Wall. Il n'y a pas que le mur qui s'effrite. Les gens aussi. Qu'un mur soit remplacé n'est rien à côté des maisons qui se vident.

Sans l'écrit je ne me rends compte de rien.

lundi 16 mars 2009

Je suis incroyablement superficielle

Louise : Do you want to go to Oceana tonight ?
Moi : Well er... I have that fucking essay to write... I don't know...
Louise : It's the last monday of the term...
Moi : Yes I know... Errrr.... Yes... Yes I'll go. Anyway, I have this new skirt to wear.

samedi 14 mars 2009

Aujourd'hui..

... je me suis affalée sur mon lit après avoir pris ma douche, pour laisser sécher mes cheveux au soleil qui tombe pile comme il faut dans ma chambre, et j'ai lu un essai sur Faulkner en écoutant les gars jouer au foot dans la cour. Je ne saurais pas l'expliquer, mais c'était l'été. Surtout quand je me suis rappelée que j'avais une free lollipop dans mon sac, qu'un gars en campagne m'avait filé pour que je vote pour lui.

Il me tarde juillet, n'avoir rien d'autre à faire que de me sortir du lit pour aller finir ma nuit dans le jardin, en attendant que Mamie me fasse des crèpes et une salade de fruit. Ca me fait penser que je n'ai pas eu un vrai été depuis mes 16 ans à cause de jobs de merde. Cet été je bosse pas. Cet été je profite, je lis sur un plaid dans le pré des chevaux, je vais à la piscine, je fauche et je me fais des ampoules au pouce, je vais faire un tour en Suisse et je me cherche un nouvel apart. Ah rien que d'y penser il fait soleil !

jeudi 12 mars 2009

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

Le problème, c'est que je ne peux pas tenir mon journal ( rayé, Jonh Lewis, trop cool ) et mettre à jour mon blog, parce que j'ai horreur d'avoir l'impression de me répéter. Même si au final je tourne en boucle en me traînant les mêmes névroses depuis mes quatorze ans. Ca me rappelle en passant que je fais bientôt vingt-et-un, et que ça me fait flipper d'entrer encore plus profondément dans la vingtaine. On peut plus reculer là. Et merde.

Finalement on s'habitue à entendre parler anglais tout le temps, à lire que de l'anglais... L'autre jour j'ai été au cinéma et je n'ai vraiment pris conscience que le film n'était pas en français qu'au bout d'un quart d'heure, quand j'ai zappé une réplique à cause du vocabulaire politique. Ah oui c'est vrai, ils parlent pas ma langue en fait.

Je n'ai pas vraiment envie de rentrer. Et puis si. Je ne sais pas. Je crois que je n'ai pas envie de faire une parenthèse au milieu de ce que je vis en ce moment. Il y a trop de choses à voir et à faire pour aller se paralyser deux semaines à la maison, deux semaines perdues à ne rien faire, à voir encore et encore ce que je connais par coeur. Je n'aime pas être figée, je veux me sentir avancer, comme ici, même quand je ne fais rien.

Je suis un peu triste parfois, je n'ai envie d'expliquer ça nulle part pourtant, parce que je n'ai pas envie de me souvenir de ça. Jeudi dernier, je suis sortie de la bibliothèque vers cinq heures de l'après midi, et arrivée en haut de la colline au dessus des Downs, j'ai eu un temps d'arrêt devant la beauté, pourtant toute simple, de ce que j'avais sous les yeux. La lumière était parfaite, l'ombre des arbres et la couleur de l'herbe, la sensation de la terre grasse qui s'enfonce légèrement sous mes pieds, comme quand on marche sur une couette qui traîne sur le sol, mais surtout la lumière orangée dans les bouleaux, et "I'll be your mirror" se lançant au hasard sur mon iPod. Le hasard qui a très bien fait les choses.

C'est ce genre d'instant, de détail, qu'il faut garder en mémoire, ces insignifiances qui résument à elles seules l'atmosphère, l'ambiance d'une époque. Je retourne ce paysage en boucle pour qu'il se grave sur mes yeux, pour qu'il puisse se superposer comme un filtre devant ce qui est laid. C'est ce dont je veux me souvenir de Nottingham. Les Downs au son des Velvet Underground.

jeudi 26 février 2009

Kramer summed up his position

" Art must be defended and pursued and relished not for any political program it might be thought to serve but for what it is, in and of itself, as a mode of knowledge, as a source of spriritual and intellectual enlightenment, as a special form of pleasure and moral elevation, and as a spur to the highest reaches of human aspiration. The defense of art must be not be looked upon a luxury of civilization - to be indulged in and supported when all else is serene and unchallenged - but as the very essence of our civilization."

lundi 23 février 2009

Baby You're Too Muuuch

Je me suis réjouie beaucoup trop vite à la vue des choux de Bruxelles hier soir. J'adore les choux de Bruxelles. Mais j'avais oublié qu'on est en Angleterre. J'ai cru mourir quand j'en ai croqué un. Yuck !

Je me demande si je ne suis pas un peu trop enthousiaste parfois. Je n'ai pas l'habitude de l'être il faut dire. Ca me donne l'impression d'être futile, de ne pas mesurer avec justesse le poids des événements, le poids de la gravité de ce monde. Je ne sais pas si ma légèreté me sert à me voiler la face ou si elle persiste miraculeusement malgré la consicence que j'ai de l'état des choses. Je ne sais pas si je suis incroyablement superficielle ou philosophe. Le verre est-il devenu à moitié plein ?

Trop de bouleversement dans ma tête... Si un jour on m'avait dit que je deviendrai positive ! Non pas optimiste, car comme dirait l'autre les optimistes sont des pessimistes qui n'ont pas toutes les informations, mais positive. L'image du positif est associée à la bêtise dans mon esprit. Les gens profonds sont forcément graves. Mais à bien y réfléchir, c'est sans doute une erreur. Au final, je n'ai jamais lu de livre aussi instructif que les Souffrances du Jeune Werther.

"Je jouirai du présent et le passé, tel qu'un vain songe, sortira de ma mémoire. Oui mon ami tu as raison, l'homme serait moins malheureux si, au lieu de s'appliquer sans cesse à rappeler de douloureux souvenirs, il se laissait aller avec indifférence au cours de la vie. [...] Un esprit léger supporte tout"

vendredi 20 février 2009

Life through Rose-tinted Spectacles

" We will never be more than permanent visitors in someone else's country, but we have been made welcome and happy"

Peter Mayle

lundi 16 février 2009

Those Dancing Days

Après avoir passé l'après midi entier à lire un essai sur le passage du modernisme au post-modernisme, le disenfranchisement and dehumanization of industrialization de D. H. Lawrence c'est la récré !

J'adore marcher très vite et être essoufflée en remontant the Downs vers mon cours de American Short Stories. J'ai sauté le pas et j'ai acheté de quoi faire des toasts et du Nutella.

Je vais enfin avoir l'occasion de lire Hemingway. J'ai été au cinéma, et le retour de nuit dans le bus ressemblait aux images que j'avais en tête avant de partir.

Mon loyer est overdue et je vais devoir expliquer en anglais que c'est pas normal. Au pire, je me mettrais subitement à pleurer et la secrétaire aura pitié de moi.

En attendant j'ai envie de me faire une session dance floor dans ma chambre et de m'acheter des chaussures et/ou des livres. L'anthologie de Virginia Woolf me fait de l'oeil chaque fois que je vais chez Blackwell...


samedi 14 février 2009

J'adore...

... la façon dont les Anglais prononcent mon prénom. Surtout Alistair; j'ai l'impression d'entendre Bruce Willis dire Fabienne dans Pulp Fiction.

mercredi 11 février 2009

Le Mercredi, c'est NME...

... en référence à notre petite phrase du lycée "Le vendredi c'est poisson-riz". En parlant du lycée, j'ai croisé un tracteur sur le campus ce matin, et ça m'a fait penser à celui qui traversait la cour de notre lycée pour ramasser les feuilles, devant nos gueules d'ados pas rebelles qui se plaignaient d'être dans le seul lycée non-agricole à avoir un tracteur dans sa cour.

Le mercredi je fais ma lessive, parce que je peux acheter le NME pour me faire de la monnaie. En attendant que ça sèche je me plonge dans la lecture de textes théoriques sur le post-modernisme, au milieu de ma laundry-chambre tendue de draps et de pulls à la fenêtre. Je délire sur cette phrase en écoutant les "10 tracks you have to hear this week" :

"Are we simply ancient Egyptians in airplanes ?"

Je me suis rendue compte en l'écoutant pour la première fois depuis longtemps que la chanson qui me mettait la patate a été contaminée par les mauvais souvenirs de l'époque à laquelle je l'écoutait en boucle. Je suis déçue...

Depuis que je comprends ( à peine ) un peu mieux les conversations je me suis rendue compte que Jonny était trop "lol", surtout dans sa façon de dire des choses drôles en gardant une attitude sérieuse. Katherine et Sarah sont écroulées de rire en face de lui et il continue de raconter son truc, imperturbable.

"The swimming pool was so packed, it was like Tokyo"

Puis le mercredi c'est sortie, aussi. Et gig indie. Hihi.

dimanche 8 février 2009

Let's Go for a Walk in Wollaton Park

Scarlett O'Hara est mon héroïne culte. Chaque fois que je me promène dans une grande propriété j'imagine les châtelains de l'époque se postant à leur fenêtre en se disant "Tout ça, c'est à moi". Et inévitablement cette scène de Gone with the Wind me reviens en mémoire. Pour Tara !


Là je repense à chez moi, qui un jour forcément ne le sera plus. Devoir vendre et quitter ce que mon Grand-Père a construit, mon héritage comme il l'appelle. Je ne pourrais jamais montrer ce qu'il m'a dit de montrer à mes enfants. Même s'il ne sera plus là pour le savoir, je le décevrai.

Et si un jour moi aussi je veux transmettre je devrais reconstruire, encore une fois à partir de rien. C'est peut être ça mon héritage au fond, cette ascendence d'émigrés, de gens qui ont eu la capacité de quitter leurs racines et de créer quelque chose ailleurs. Nous, mon grand-père, sa soeur, mon père et ses cousins, moi et ma famille.

Ce goût pour le voyage et l'ailleurs, pour les autres langues, les autres coutumes, les autres façons de faire et de voir, toute ma génération le porte en elle. Tel cousin à Séville, l'autre en road-trip en Italie, l'autre au Japon ou en Suède, l'autre au Canada, la cousine mariée au Liban, et moi maintenant à Nottigham. C'est drôle.

La possibilité de vivre un jour autre part qu'en France me traverse souvent l'esprit. Encore un paradoxe en moi. Je ne suis pas Gémeaux/Dichotomique pour rien. Je suis très attachée à la terre où j'ai grandi, rien que l'idée de quitter ces endroits, ce coin au bord du ruisseau, cet arbre où on avait construit une cabane, ce chemin où on se promenait, ce rocher dont j'aimais la forme, j'ai le fond de la gorge qui tire. Jamais je ne pourrais m'extasier devant un paysage plat, seules les montagnes m'émeuvent. Et pourtant je sens, c'est comme un instinct, qu'il faut que je parte. Je tente le coup pour six mois.


Je suis fascinée par ce paysage d'hiver morne, ces couleurs fades qui percent à travers les arbres noirs et décharnés, ces oiseaux rassemblés sur la berge, cet échassier marchant sur la glace comme Jésus. Le château au fond de l'immense pelouse me rappelle Rosings Park. Les bancs sont dédiés à des gens qui aimaient se promener là, et les enfants courrent au milieu de ce cimetière improvisé.


Pourrais-je vivre ici ? Pourrais-je me sentir chez moi dans un pays où je serai à jamais étrangère, française, mais aussi suisse à moitié, maniant une autre langue que la mienne au quotidien ? Je crois que j'approche de loin ce qu'a dû être la vie de mon arrière grand-père et de ses soeurs. Je marchais au bord du lac et je ressentais quelque chose d'indescriptible, je me sentais à la fois éloignée et proche de cet endroit, loin et proche de ce que je veux, à la fois en connexion avec mon propre passé et celui de ces gens gravés sur des bancs, celui du château et des générations qu'il a abrité. Je suis partagée. Henri a-t-il lui aussi senti ce vide et cet attrait, cette curiosité ?


Rien n'est clair pour l'instant. Même la lumière est brouillée, elle n'éclaire pas elle filtre. Pourtant dans ma projection du futur, Nottingham me manque déjà.

mercredi 4 février 2009

This is a message from Rutland Hall

Je pensais avoir des milliards de choses à écrire mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à décrire la joie et l'enthousiasme sans que ça sonne incroyablement faux et débile. On croirait lire un gamine de 14 ans qui parle d'un gamin de 15 ans. Je suis condamnée à n'exprimer que ma nevrose. Mon silence veut donc tout dire.

J'ai l'impression que plus les jours passent et plus je parle mal. Au début je faisais des phrases à peu près correctes, mais là c'est du gros n'importe quoi. Après 7.00 pm je conjugue tout au présent et je dis yesterday pour signifier le passé. Fuck. Je sais jamais si je dois employer have + pp ou le prétérit, y'a UN truc à maîtriser dans la conjuguaison en anglais et je le sais pas. Lol.

Je fais des mimes, je bouge les bras et les mains, je fais genre je comprends mais en fait j'ai capté qu'un mot. D'un côté ça m'inquiète, je me dis que je progresserai jamais et que je vais rester dans le flou total à balbutier cette langue pour le restant de mes jours, d'un autre côté je me marre toute seule quand je sors des phrases bidons.

Quand mon voisin est venu me demander si je dansais "aujourd'hui", j'ai dit non, pensant qu'il parlait de la journée passée, et que ça avait un rapport proche ou éloigné avec la valise à poker qu'il tenait à la main ( je sais pas jouer au poker alors j'ai flippé ). Là il s'est excité "Why not ?!" Ben euh... j'en sais rien ! Ah si je sors ce soir... Mais c'est que j'ai une bataille de boules de neige prévue là tu vois.

J'ai l'impression d'avoir 5 ans et d'aller dormir chez des amis que je connais pas, l'impression d'être en sécurité mais seule dans un endroit complètement inconnu. Je suis perdue sans avoir peur. La bonté des Anglais m'impressionne.

Parfois je regarde mes voisins se parler entre eux sans que je les comprenne, sans pouvoir m'exprimer en retour, je me sens incroyablement frustrée. On est obligés d'avoir des conversations usuelles avec du vocabulaire de base, ils doivent me prendre pour une idiote. Des fois je me dis "Ah s'ils étaient Français"... Mais en fait non. Leur personnalité est intrinsèquement liée à leur nationnalité, à leur pays, à leur façon d'appréhender le monde avec leur tranquilité flegmatique. C'est peut être parce qu'ils boivent du thé plutôt que du café ? Voilà, je l'ai toujours dit, le café c'est pas bon pour les nerfs. Fini le café.

jeudi 22 janvier 2009

Burberry London

Je m'en vais, je m'envole. Il y a des choses que j'écris d'une manière hésitante, en ce qu'elles sont des preuves trop flagrantes de mon égocentrisme, difficiles à avouer.

Je m'en vais et j'ai la sensation de n'avoir marqué personne. Je n'arrive pas à me fixer dans l'esprit des gens, et c'est sans doute parce que je ne suis pas là. J'ai souvent réfléchi à ça. Je n'ai pas de présent. Je vis sans cesse dans la projection de ce qui n'arrivera pas, non pas parce que je projette des choses irréalisables en soi, mais parce qu'une fois cette projection terminée j'entre dans une autre projection et ainsi de suite. Je vis en dehors du concret, ce qui se passe en moi sera à jamais déconnecté de ce que mon corps vit, qui se laisse porter dans une déambulation totalement immaîtrisée. Je ne construit pas ma vie, je l'imagine. Ce qui fait sans doute que je ne suis pas grand chose. On n'habite pas dans les plans d'une maison.

A ce faux futur s'ajoute le passé qui tourne, retourne, se transforme, devient moins pesant ou davantage, qui se rejoue sans cesse. Le "j'ai fait" qui devient inévitablement le "j'aurais du". J'ai déjà vécu ma vie des centaines de fois, à force de remettre les personnages sur la scène, de changer leur texte inlassablement, jusqu'à ce que la pièce soit convenable. Parfois pourtant, même l'esprit, même l'abstrait ne parvient pas à changer le Mal en Bien. Le passé tourne dans mon ventre toutes dents dehors et me râcle de l'intérieur, j'ai beau changer les données, inverser les rôles, chaque réplique enlève un peu plus de substance. C'est comme un jeu d'argent, on perd, on perd, mais on continue de jouer en espérant se refaire. Malgré tous mes efforts de concentration, la pièce finit quand même mal. Etrangement, et cela montre à quel point mon inconscient m'en veut, ce sont toujours les mauvais passages qui reviennent faire leur tour de manège. J'ai besoin des autres pour faire ressurgir les bons souvenirs. J'ai besoin de béquilles, de témoins, qui me rappelleront un jour, au détour d'une discussion, que ce moment était bien réel. Pour donner du poids à l'agréable il faut que les autres aussi s'en souviennent.

Autrement dit, je vis à cheval entre deux mondes qui n'existent que pour moi. Le présent n'est rien, surtout quand je suis seule. Il est le moment où je pense, il est la sphère dans laquelle je respire, mais je suis ailleurs. Je n'arrive jamais à suivre une conversation correctement, une phrase me fait penser à quelque chose et je m'enferme en moi-même pour y penser. Quand je reviens des choses se sont passées, il existe un nouveau présent, qui file trop vite. Je n'ai pas assez d'ancrages pour m'accrocher. Des phrases sortent de ma bouche mais ce n'est pas moi qui parle, c'est une autre voix qui dit n'importe quoi. Non, ce n'est pas ça que je voulais dire. Ce que je veux dire, c'est enfoui, il faut l'extirper, le travailler, lui donner une forme et ensuite le dire. Alors c'est trop tard, la conversation a changé. J'aurais aimé avoir l'esprit vif.

Le seul moment où je vis vraiment, je veux dire en même temps que le reste du monde sur le même plan, c'est sur scène. Je dis toujours, même si c'est con et convenu, que c'est le seul moment où je suis moi. Je devrais plutôt dire que c'est le seul moment où je suis là. La dernière fois, on m'a dit "Quelle présence !" Mon oncle ne pouvait pas savoir à quel point il avait raison. J'ai senti que, pendant toute la durée du monologue, tous les regards convergeaient vers moi, j'ai senti la tension et l'attention de ces gens. Pour quelques minutes enfin, plus de passé, pas de futur, juste l'instant qui meurt aussitôt dit. J'aimerais vivre en permanence dans cette bouleversante actualité, et vraiment sentir les choses au moment où elles m'arrivent, et non pas par rétrospection.

Au final, je reconnais mes amis par le pouvoir qu'ils ont à me faire apparaître dans le présent avec eux. Ils sont les seuls à m'avoir entendue et, je devrais ajouter, vue. Pour les autres je ne suis que flottaison qui s'évapore, une trace qu'on ne suit pas, une feuille d'arbre derrière une vitre embuée, le petit parachute d'un pissenlit fané qui s'envole pour tomber dans l'oubli. Un parfum que l'on sent, qui ne rappelle rien, et qui s'évanouit en quelques secondes.

C'est d'la bonne

A chaque fois qu'ils disent "défenses naturelles" dans la pub Actimel, j'entends "défonce naturelle". Ca me perturbe...

mercredi 21 janvier 2009

Sacré Barack

De façon générale je n'aime pas l'accent américain.

Mais curieusement, dans la bouche d'Obama ça passe très bien... Alala !

lundi 19 janvier 2009

Let's get out of this country !



Let’s get out of this country
I’ll admit I am bored with me
I drowned my sorrows and slept around
When not in body at least in mind
We’ll find a cathedral city
You can convince me I am pretty

We’ll pick berries and recline
Let’s hit the road dear friend of mine
Wave goodbye to our thankless jobs
We’ll drive for miles maybe never turn off
We’ll find a cathedral city you can be handsome I’ll be pretty

What does this city have to offer me
Everyone else thinks it’s the bee’s knees
What does this city have to offer me?
I just can’t see
I just can’t see

Let’s get out of this country
I have been so unhappy
Smell the Jasmine my head was turned
I feel like getting confessional
We’ll find a cathedral city you can convince me I am pretty

What does this city have to offer me
Everyone else thinks it’s the bee’s knees
What does this city have to offer me
I just can’t see
I just can’t see

Au revoir mon petit appartement !


Il a suffit de décrocher quelques images du mur et déjà ce n'était plus chez moi. Un couple et une fille sont venus visiter, comme autant d'intrus. Ils regardaient, inspectaient. J'ai du mal à les imaginer vivre là à ma place. Je vide mon appartement de ses meubles, et je le vide de son âme que j'avais lentement construite. Je m'y suis sentie bien quand même, pendant tout ce temps.

J'ai l'impression de revenir à la case départ. Quand je reviendrai cet endroit n'existera plus. Je n'habiterai plus Pau, je traverserai peut être à nouveau cette ville maintenant familière, mais je n'y aurai plus d'intérieur. Ce sera de nouveau une ville faite de rues, uniquement composée d'extérieur.

Il faudra recommencer ailleurs, et finalement j'ai hâte !



mardi 13 janvier 2009

Stand By

Je tiens à préciser que non, je ne suis pas morte, seulement endormie. A chaque période d'exam je traverse cette sorte d'hibernation cérébrale, je gobe les informations, je ponds une dissertation et en dehors de ces deux fonctions digestives, mon corps ne peux plus rien faire, ni bouger, ni dormir, alors mon cerveau vous pensez bien... Tout juste bon à m'envoyer le signal de la douleur et faire en sorte que mon visage se crispe quand je m'éclate le pied contre le rebord de la porte. Pieds nus évidemment sinon c'est pas drôle.
Come back soon !