lundi 20 juillet 2009

I'll never love you more than my Mac computer

Le matin, alors que je me pète soigneusement le dos en faisant des lits, je pense à beaucoup de choses. J'ai toujours su que si je travaillais à la chaîne, je serais écrivain. Je ne travaille pas à la chaîne.

Cela n'empêche que, alors que ma main lisse la sous-taie rebelle qui fait des plis sur l'oreiller, agrémenté d'un motif "paysage de campagne" ridicule et délavé, je pense à beaucoup de choses.

Comme par exemple, que Jacques Demy a compris ce qu'est une petite ville de Province, et à quel point peuvent y croupir les rêves et aspirations d'originaux manquant de chance. Mais avant de tirer des conclusions, il faut que je regarde la deuxième heure des Demoiselles de Rochefort.

Je pense aussi qu'un peintre qui sait par avance quel visage aura la femme de sa vie, c'est de la foutaise. Avant j'aurais trouvé ça beau, peut être. Aujourd'hui ça m'ennuie presque. Ca me fait l'effet de ces téléfilms nauséeux qui passent pendant les Fêtes, à propos du prétendu esprit de Noël. C'est bon, on sait que le mec en rouge, c'était une pub pour Coca-Cola à la base. On nous la fait plus.

Du coup, je pense à mes illusions perdues. J'essaie de retrouver le nom de l'auteur qui a pondu ça en retournant un matelas de 150 kilos sans me luxer l'épaule. La masse retombe à grand bruit sur les lattes; mais c'est bien sûr, nôtre cher Honoré. Avant je croyais sincèrement aux grands sentiments. Puis je me suis rendue compte que le vingt et unième siècle était hostile aux personnes comme moi. Je le vis toujours aussi mal, mais maintenant au moins, je suis au courant.

Si j'ai toujours entendu dire que les garçons étaient plus à même de se représenter les corps géométriques dans l'espace, je crois de plus en plus que pour ce qui est des corps tout court, les filles sont plus douées. Il faut être là, bien en face, pour exister. Perdue dans ma retraite montagnarde au milieu de draps plats, housses, couleurs, blancs, petits, grands, je m'efface peu à peu.

J'ai rêvé récemment que j'allais sur Facebook pour vérifier les actualisations de statuts. Il est loin, le grand amour. Même quand je dors je n'y crois plus. Même dans les livres il me fait lever les yeux au ciel. Non mais genre on y croit.

Je savais bien que vivre dans un hôtel finirait par me rendre misanthrope. Passer l'aspirateur tous les matins pour faire disparaître la crasse des autres n'arrange rien. Je sais que je peux aimer quelqu'un, mais quelqu'un peut-il m'aimer moi ? Pire, peut-on s'aimer ensemble et en même temps ? Ca me parait tellement absurde et impossible que j'en ri.

En refermant les portes des chambres à clé, je pense surtout que je ne sais plus très bien où j'en suis.

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