vendredi 31 juillet 2009

A Paris moi aussi je tenterai ma chance...

La première fois que j'ai vu Paris, je l'ai trouvée franchement laide. Ça commence comme un roman bien connu. C'est vrai, Paris... Paris ! On en fait tout un plat, la plus belle ville du monde et blablabla. Quand j'y suis allée pour la première fois j'ai du faire face à une immense déception. Alors c'est ça ?

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, peut être a-t-on vu les mauvais quartiers, peut-être n'étais-je pas in the mood for the City of Lights. J'ai trouvé ça sale, pas impressionnant du tout, et pas franchement dépaysant. Ouais bon, ça fait français quoi, pas de quoi fouetter un félin. Rien à voir avec Londres la Magnifique qui me colle la larme à l'œil dès que j'y pose un pied.

A l'époque j'avais noté que c'était une ville de fantômes. Les Lumières, les Surréalistes, Aragon et z'Aurélien, Baudelaire, Hugo et bla et bla, tous des morts, dont on conserve le souvenir comme un faire-valoir de pacotille. C'est la ville des poètes et des artistes. C'était, sans doute. Mais la forte impression que j'avais eue en arrivant ne m'avait pas quittée; l'âme de la ville est comme lointaine et morte.

Et puis avec le temps, mais vraiment petit à petit, j'ai commencé à remarquer qu'au détour de cette petite rue... Et que ce parc là... Et cette enseigne là-bas ! J'ai découvert les bons musées au bon moment, mon carnet s'est peu à peu rempli de notes furtives (pour voir des vieux films, cinéma Le Champollion, rue des Écoles, 6°) et ce qui n'était qu'un tas carré de bâtiments gris sans arbres est devenu moins impersonnel.

Paris ne m'a pas explosé au visage, c'est une ville de détails. Ce sont uniquement les détails qui me plaisent là-bas, et c'est sans doute pourquoi j'aime autant les enchaînements de plans photographiques de Christophe Honoré. Dans chacun de ses films, on sent qu'il connaît vraiment l'endroit qu'il porte à l'écran. Il a l'œil, il remarque le petit rien qui fait toute la différence et crée l'atmosphère.

Depuis peu ces détails je les vois, les enregistre, c'est un puzzle qui prend forme. Ils m'aident à m'approprier en partie ce qui ne sera (qui ne pourra) jamais être ma ville. Paris est une chambre d'amis dans laquelle on a peur de froisser les draps en s'asseyant sur le rebord du lit. Ceci dit, j'apprécie enfin d'y passer du temps. C'est peut être parce que les amis sont sympa, finalement.

lundi 20 juillet 2009

I'll never love you more than my Mac computer

Le matin, alors que je me pète soigneusement le dos en faisant des lits, je pense à beaucoup de choses. J'ai toujours su que si je travaillais à la chaîne, je serais écrivain. Je ne travaille pas à la chaîne.

Cela n'empêche que, alors que ma main lisse la sous-taie rebelle qui fait des plis sur l'oreiller, agrémenté d'un motif "paysage de campagne" ridicule et délavé, je pense à beaucoup de choses.

Comme par exemple, que Jacques Demy a compris ce qu'est une petite ville de Province, et à quel point peuvent y croupir les rêves et aspirations d'originaux manquant de chance. Mais avant de tirer des conclusions, il faut que je regarde la deuxième heure des Demoiselles de Rochefort.

Je pense aussi qu'un peintre qui sait par avance quel visage aura la femme de sa vie, c'est de la foutaise. Avant j'aurais trouvé ça beau, peut être. Aujourd'hui ça m'ennuie presque. Ca me fait l'effet de ces téléfilms nauséeux qui passent pendant les Fêtes, à propos du prétendu esprit de Noël. C'est bon, on sait que le mec en rouge, c'était une pub pour Coca-Cola à la base. On nous la fait plus.

Du coup, je pense à mes illusions perdues. J'essaie de retrouver le nom de l'auteur qui a pondu ça en retournant un matelas de 150 kilos sans me luxer l'épaule. La masse retombe à grand bruit sur les lattes; mais c'est bien sûr, nôtre cher Honoré. Avant je croyais sincèrement aux grands sentiments. Puis je me suis rendue compte que le vingt et unième siècle était hostile aux personnes comme moi. Je le vis toujours aussi mal, mais maintenant au moins, je suis au courant.

Si j'ai toujours entendu dire que les garçons étaient plus à même de se représenter les corps géométriques dans l'espace, je crois de plus en plus que pour ce qui est des corps tout court, les filles sont plus douées. Il faut être là, bien en face, pour exister. Perdue dans ma retraite montagnarde au milieu de draps plats, housses, couleurs, blancs, petits, grands, je m'efface peu à peu.

J'ai rêvé récemment que j'allais sur Facebook pour vérifier les actualisations de statuts. Il est loin, le grand amour. Même quand je dors je n'y crois plus. Même dans les livres il me fait lever les yeux au ciel. Non mais genre on y croit.

Je savais bien que vivre dans un hôtel finirait par me rendre misanthrope. Passer l'aspirateur tous les matins pour faire disparaître la crasse des autres n'arrange rien. Je sais que je peux aimer quelqu'un, mais quelqu'un peut-il m'aimer moi ? Pire, peut-on s'aimer ensemble et en même temps ? Ca me parait tellement absurde et impossible que j'en ri.

En refermant les portes des chambres à clé, je pense surtout que je ne sais plus très bien où j'en suis.

mercredi 8 juillet 2009

Some facts

La licence c'est fait. Le concours aussi. L'appart aussi. J'aime bien tourner les pages, je passe ma vie sur le site d'Ikéa. Je pense que je prendrai des rideaux jaunes.

Mais tout ça au final on s'en fout. Ce ne sont que des faits, une marche de plus dans le grand escalier. Ce qui importe, c'est ce qui se passe dans la cage. Ca fait des mois que je n'ai rien écrit, alors je suis tentée de répondre que je ne sais pas.

Je dois terminer mon journal de Nottingham, résumer les dernières semaines et notre voyage à Paris, pour clore, mais je suis incapable de le faire. Mon carnet est là, sur la table de nuit, et j'ai envie qu'il y reste, sans doute. Je m'étais préparée à partir, je savais que c'était fini, j'avais déjà mes projets pour l'an prochain en tête pour m'occuper l'esprit, alors je n'ai pas vraiment souffert. Je m'étais habituée à l'idée de rentrer, cela parassait normal de monter dans cet avion sans éprouver de manque, sans me rendre vraiment compte que je quittais ma terre d'accueil. Pourtant la faille est là, quelque part, et la peine me tombera dessus quand j'en aurais le moins besoin.

Maintenant c'est l'ennui qui m'anesthésie. Je n'aime pas les journées sans but. Je crois que la seule chose qui me permet d'appréhender à quel point Erasmus me manque, c'est de me retrouver avec Claire sur la terrasse des Fleurs un mardi soir, avec seulement trois personnes à la table d'à côté, et trop de place pour me garer, à comparer le prix du demi d'Argelès, de Salamanque et de Nottingham. Le soir arrive et il n'y a rien à faire. Les villes alentours sont décevantes. Nos références ont changé, nos exigeances aussi sûrement.

Je suis en instance en attendant septembre. A chaque fois j'attends l'été pour avoir le temps, et puis le temps s'étire et m'endort. C'est ma saison d'hibernation. Et comme à chaque fois, je me surprends à espérer dès début juillet le retour de la saison d'Apollinaire. Et Paris, Paris !