lundi 30 mars 2009

Spring is the mischief in me

Je voulais écrire des tas de choses sur mon blog, je me souviens dans le bus entre Nottingham et Birmingham j'écrivais mentalement des billets qui n'existeront jamais.

Ca fait une semaine que je suis rentrée et je ne sais plus très bien comment je l'ai passée. J'ai l'impression de vivre hors du temps, d'être allée à la piscine il y a des années, qu'il ne s'est rien passé aujourd'hui entre mon réveil et maintenant. Je regarde Last tango in Paris sur Fr3 et je ne comprends rien. J'ouvre les yeux à neuf heures tous les matins et je suis exténuée à 22h, je ne suis pas habituée, je suis perdue, je fais plus de choses physiquement que mentalement, je n'existe pas.

Je planifie un voyage que je n'arrive pas à réaliser, encore moins à projeter. Je ne sais pas ce que je vais voir, je vais sans doute avoir peur. J'ai besoin de me perdre, toute seule. La vraie question est est-ce que je serai là-bas ? Avant j'étais en compagnie avec moi-même, mais aujourd'hui je suis seule, toujours. C'est l'épreuve du vide, moi qui ai le vertige.

La vie à la maison n'est plus la même. C'est peut être moi qui ne suis plus la même. En si peu de temps ? C'est possible. Je ne peux plus vivre sans vie autour de moi, sans bruits, sans mouvements, sans extérieur qui me sort de moi. Mon intérieur est fatigué, sans distraction il revient toujours sur cette place pour constater à quel point il est seul et le sera encore longtemps.

Je n'arrive plus à me voir accompagnée, les images se perdent. Je suis triste quand j'y pense. Ma vie est en suspens, dans un autre espace, ce que je vis là-bas est une parenthèse, mon retour à la maison une parenthèse dans la parenthèse. Mon procrastinisme se change en digression. Ca me rappelle mes rêves où je fais des détours, des détours, où je me perds dans un dédale de rues, ces rêves frustrants où mes jambes se traînent, où je n'arrive plus à avancer, avant de me réveiller sans jamais avoir atteint mon but. Je ne sais plus exactement où je vais, je voyage sans carte et sans projet, seulement arriver dans une ville et voir ce qu'il se passe. Le problème, c'est s'il ne se passe rien.

Une semaine a placé des années lumière entre Nottingham et moi. Je n'arrive pas à croire que je vais y retourner. Je me surprends à ne pas en avoir envie, l'immobilité m'empoisonne. Je ne devrais plus vivre ici, ce village que je déteste m'engloutit et m'englue à lui. C'est trop facile le confort. Il m'a fait oublier la voix de mes amis de Rutland, les bruits du couloir, seul le rire de Louise au téléphone persiste. Full of life.

Je suis revenue et des choses fondamentales ont changé. Le mur de l'autre côté de la petite route, chez mes grands-parents, est tombé. Je l'ai regardé pencher de plus en plus, soutenu par la vigne qui l'a fait vaciller, j'ai vu sa peinture rouge s'écailler, devenir vieux rose, comme la vigne en automne. Je vieillis, sur les photos de mon enfance, désormais, le paysage sera différent de celui qu'on peut avoir sous les yeux au présent. A la place, il y a trois rangées de mottes en béton, et des poteaux en ferraille qui supportent un grillage effroyable. Ca m'a fait penser au poème de Frost, Mending Wall. Il n'y a pas que le mur qui s'effrite. Les gens aussi. Qu'un mur soit remplacé n'est rien à côté des maisons qui se vident.

Sans l'écrit je ne me rends compte de rien.

lundi 16 mars 2009

Je suis incroyablement superficielle

Louise : Do you want to go to Oceana tonight ?
Moi : Well er... I have that fucking essay to write... I don't know...
Louise : It's the last monday of the term...
Moi : Yes I know... Errrr.... Yes... Yes I'll go. Anyway, I have this new skirt to wear.

samedi 14 mars 2009

Aujourd'hui..

... je me suis affalée sur mon lit après avoir pris ma douche, pour laisser sécher mes cheveux au soleil qui tombe pile comme il faut dans ma chambre, et j'ai lu un essai sur Faulkner en écoutant les gars jouer au foot dans la cour. Je ne saurais pas l'expliquer, mais c'était l'été. Surtout quand je me suis rappelée que j'avais une free lollipop dans mon sac, qu'un gars en campagne m'avait filé pour que je vote pour lui.

Il me tarde juillet, n'avoir rien d'autre à faire que de me sortir du lit pour aller finir ma nuit dans le jardin, en attendant que Mamie me fasse des crèpes et une salade de fruit. Ca me fait penser que je n'ai pas eu un vrai été depuis mes 16 ans à cause de jobs de merde. Cet été je bosse pas. Cet été je profite, je lis sur un plaid dans le pré des chevaux, je vais à la piscine, je fauche et je me fais des ampoules au pouce, je vais faire un tour en Suisse et je me cherche un nouvel apart. Ah rien que d'y penser il fait soleil !

jeudi 12 mars 2009

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

Le problème, c'est que je ne peux pas tenir mon journal ( rayé, Jonh Lewis, trop cool ) et mettre à jour mon blog, parce que j'ai horreur d'avoir l'impression de me répéter. Même si au final je tourne en boucle en me traînant les mêmes névroses depuis mes quatorze ans. Ca me rappelle en passant que je fais bientôt vingt-et-un, et que ça me fait flipper d'entrer encore plus profondément dans la vingtaine. On peut plus reculer là. Et merde.

Finalement on s'habitue à entendre parler anglais tout le temps, à lire que de l'anglais... L'autre jour j'ai été au cinéma et je n'ai vraiment pris conscience que le film n'était pas en français qu'au bout d'un quart d'heure, quand j'ai zappé une réplique à cause du vocabulaire politique. Ah oui c'est vrai, ils parlent pas ma langue en fait.

Je n'ai pas vraiment envie de rentrer. Et puis si. Je ne sais pas. Je crois que je n'ai pas envie de faire une parenthèse au milieu de ce que je vis en ce moment. Il y a trop de choses à voir et à faire pour aller se paralyser deux semaines à la maison, deux semaines perdues à ne rien faire, à voir encore et encore ce que je connais par coeur. Je n'aime pas être figée, je veux me sentir avancer, comme ici, même quand je ne fais rien.

Je suis un peu triste parfois, je n'ai envie d'expliquer ça nulle part pourtant, parce que je n'ai pas envie de me souvenir de ça. Jeudi dernier, je suis sortie de la bibliothèque vers cinq heures de l'après midi, et arrivée en haut de la colline au dessus des Downs, j'ai eu un temps d'arrêt devant la beauté, pourtant toute simple, de ce que j'avais sous les yeux. La lumière était parfaite, l'ombre des arbres et la couleur de l'herbe, la sensation de la terre grasse qui s'enfonce légèrement sous mes pieds, comme quand on marche sur une couette qui traîne sur le sol, mais surtout la lumière orangée dans les bouleaux, et "I'll be your mirror" se lançant au hasard sur mon iPod. Le hasard qui a très bien fait les choses.

C'est ce genre d'instant, de détail, qu'il faut garder en mémoire, ces insignifiances qui résument à elles seules l'atmosphère, l'ambiance d'une époque. Je retourne ce paysage en boucle pour qu'il se grave sur mes yeux, pour qu'il puisse se superposer comme un filtre devant ce qui est laid. C'est ce dont je veux me souvenir de Nottingham. Les Downs au son des Velvet Underground.