dimanche 8 février 2009

Let's Go for a Walk in Wollaton Park

Scarlett O'Hara est mon héroïne culte. Chaque fois que je me promène dans une grande propriété j'imagine les châtelains de l'époque se postant à leur fenêtre en se disant "Tout ça, c'est à moi". Et inévitablement cette scène de Gone with the Wind me reviens en mémoire. Pour Tara !


Là je repense à chez moi, qui un jour forcément ne le sera plus. Devoir vendre et quitter ce que mon Grand-Père a construit, mon héritage comme il l'appelle. Je ne pourrais jamais montrer ce qu'il m'a dit de montrer à mes enfants. Même s'il ne sera plus là pour le savoir, je le décevrai.

Et si un jour moi aussi je veux transmettre je devrais reconstruire, encore une fois à partir de rien. C'est peut être ça mon héritage au fond, cette ascendence d'émigrés, de gens qui ont eu la capacité de quitter leurs racines et de créer quelque chose ailleurs. Nous, mon grand-père, sa soeur, mon père et ses cousins, moi et ma famille.

Ce goût pour le voyage et l'ailleurs, pour les autres langues, les autres coutumes, les autres façons de faire et de voir, toute ma génération le porte en elle. Tel cousin à Séville, l'autre en road-trip en Italie, l'autre au Japon ou en Suède, l'autre au Canada, la cousine mariée au Liban, et moi maintenant à Nottigham. C'est drôle.

La possibilité de vivre un jour autre part qu'en France me traverse souvent l'esprit. Encore un paradoxe en moi. Je ne suis pas Gémeaux/Dichotomique pour rien. Je suis très attachée à la terre où j'ai grandi, rien que l'idée de quitter ces endroits, ce coin au bord du ruisseau, cet arbre où on avait construit une cabane, ce chemin où on se promenait, ce rocher dont j'aimais la forme, j'ai le fond de la gorge qui tire. Jamais je ne pourrais m'extasier devant un paysage plat, seules les montagnes m'émeuvent. Et pourtant je sens, c'est comme un instinct, qu'il faut que je parte. Je tente le coup pour six mois.


Je suis fascinée par ce paysage d'hiver morne, ces couleurs fades qui percent à travers les arbres noirs et décharnés, ces oiseaux rassemblés sur la berge, cet échassier marchant sur la glace comme Jésus. Le château au fond de l'immense pelouse me rappelle Rosings Park. Les bancs sont dédiés à des gens qui aimaient se promener là, et les enfants courrent au milieu de ce cimetière improvisé.


Pourrais-je vivre ici ? Pourrais-je me sentir chez moi dans un pays où je serai à jamais étrangère, française, mais aussi suisse à moitié, maniant une autre langue que la mienne au quotidien ? Je crois que j'approche de loin ce qu'a dû être la vie de mon arrière grand-père et de ses soeurs. Je marchais au bord du lac et je ressentais quelque chose d'indescriptible, je me sentais à la fois éloignée et proche de cet endroit, loin et proche de ce que je veux, à la fois en connexion avec mon propre passé et celui de ces gens gravés sur des bancs, celui du château et des générations qu'il a abrité. Je suis partagée. Henri a-t-il lui aussi senti ce vide et cet attrait, cette curiosité ?


Rien n'est clair pour l'instant. Même la lumière est brouillée, elle n'éclaire pas elle filtre. Pourtant dans ma projection du futur, Nottingham me manque déjà.

Aucun commentaire: