Je ne sais jamais comment commencer, je réécris cent fois la première phrase. Je suis partie et j'ai bien fait. Je me souviens j'avais peur, mais il y a un monde entre ce que j'ai écrit le 1er avril et ce soir. Je croyais me découvrir, je me suis juste rendue compte que je m'étais perdue, que j'avais perdu Moi. Je croyais être seule mais plein de gens m'attendaient, y compris Moi.
Je ne suis pas seule quand je suis seule, j'entends "pas lonely quand alone". J'avais oublié que je suis de bonne compagnie. J'ai vraiment apprécié n'être qu'avec moi même, un peu, j'étais libre. J'ai prévu, j'ai vu, et je suis revenue. Nottingham sentait bon la maison, après avoir lutté contre Google Map pendant deux semaines. Where do you go ? Market Place. De là je peux prendre le 35. J'avais l'impression de marcher sur des coussins d'air, j'étais là, de retour, la grande roue aussi. Je regardais les rues comme Ulysse a du regarder Itaque. J'étais heureuse. Je le suis.
Mon Odyssée compte autant d'épisodes que de destinations, chaque ville avait son ambiance, ses rencontres, chacune a sa couleur et son atmosphère dans mon esprit, sa musique aussi. Bristol a été la plus belle surprise, je ne m'attandais à rien et j'y ai trouvé beaucoup. A Bath j'ai écouté un Américain me raconter qu'il voulait croire en quelque chose. A Winchester, puis à Swanmore, j'ai compris que je pouvais avoir tort en disant que les gens ne s'attachent pas à moi. J'ai aimé les nuits de Portsmouth et de Southampton. J'ai voulu emmerder la face du monde à Brighton, j'avais fui et c'est là-bas qu'on m'a rattrappée. J'ai trouvé la force d'aller à Douvres, pour voir les falaises que le fog m'a caché. J'ai été émue par Canterbury, j'ai eu envie d'avoir la foi, un jour peut être. J'ai déambulé dans Cheltenham sans en trouver l'âme. J'ai vu une pièce de théâtre et un steeple, je l'ai partagé avec une Hollandaise qui allait jusqu'en Irlande à vélo. J'ai visité un manoir dont le propriétaire est resté un enfant. Et surtout j'ai admiré les Costwolds encore sauvages depuis le haut d'une colline, à cheval dans le vent des hauteurs.
Je l'ai voulu et je l'ai fait. J'ai l'impression d'avoir une lumière à l'intérieur de moi. Je voulais absolument voir les falaises de Douvres, uniquement les falaises, je voulais qu'elles me réjouissent après le coup de Brighton. Mais le brouillard était trop épais. Malgré tout j'ai décidé de profiter de cette journée, alors je me suis perdue dans un dédale d'escaliers exprès, j'ai vu le château et le plus vieux bâteau du monde, et l'intérieur de la ville que j'ai trouvé joli. Et après ça seulement, après être montée dans le bus, alors que je sentais que je regretterais à jamais de ne pas avoir vu les falaises, le soleil s'est levé et elles étaient là, blanches et magnifiques, le long de la route vers Canterbury. J'aime transformer cette histoire en métaphore.
Surtout, j'aime me rappeler de cet instant précis, à Cheltenham, en chemin vers la gare pour prendre le train vers Nottingham, traversant le petit carrefour mes énormes sacs sur les épaules, cet instant où j'étais légère et libre, deux semaines de voyage derrière moi, cet instant où je me suis dit que c'était drôle de trouver la paix dans une ville aussi vide et triste. C'est donc qu'elle vient de moi, la paix. J'ai même souri je crois.
Alors oui, bien sûr, je me trouve très moche en ce moment, je déteste l'idée d'entrer bientôt dans ma vingtéunième année sans amour, encore, mais j'ai réussi à sortir de terre cette force que j'avais oubliée, et qui me fait dire "et alors ?". Tant pis, on avance, on prend un nouveau train vers une nouvelle étape. Le printemps est superbe cette année, je m'en souviendrai toute ma vie. J'ai rarement autant ri, autour d'un thé à Rutland, ou avec Agathe, en imitant mon prof de théâtre. Je vais à Paris la semaine prochaine. Je dois écrire un essai sur Death Proof. La vie peut être cool quand on veut.
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