mercredi 31 décembre 2008

This is England

Je me souviens encore de cette seconde, le genre de seconde qui ne dure qu'une seconde comme toutes les autres secondes de votre vie, mais qui justement, n'a rien à voir avec les autres secondes de votre vie. Si ce n'est pas la seconde, c'est au moins une des secondes qui comptent, qui restent pour longtemps dans la mémoire.

On venait d'atterrir à Londres, et je prenais le métro pour la première fois de ma vie, à Victoria Station. J'étais au bord du quai, la ligne jaune juste devant mes pieds, et la voix d'homme robotisée prononçait le "Mind The Gap" avec son accent chinois.

Et là, pile là, arrive la fameuse seconde, où j'ai ressenti comme un énorme soulagement, celui qu'on éprouve en rentrant à la maison après un long voyage pénible. Plus tard dans la journée, en marchant dans des rues inconnues qui pourtant m'étaient familières, la sensation s'est confirmée. J'étais chez moi. C'est inexplicable, et je n'ai toujours pas compris. En même temps je ne cherche pas à comprendre. Il y a quelque chose en Angleterre que je n'ai jamais trouvé ailleurs, et chaque fois que j'y retourne, je sens que c'est là que je dois être.

Avant hier j'ai réalisé l'un de mes fantasmes. J'ai réservé un aller simple. Je pars sans savoir quand je reviens. Dans longtemps, ça se compte en mois. C'est extraordinaire quand on y pense.

J'ai la certitude qu'il va se passer quelque chose de fondamental là-bas. Un pressentiment débile comme j'en ai parfois.

dimanche 21 décembre 2008

Ingmar et les Krisprolls

La première fois que j'ai entendu le suédois, c'était en regardant Crise de Bergman. Enfin j'avais déjà du en entendre quelques bribes devant un énième Thalassa, un vendredi soir en été, dans le salon de mes grands parents, avec ma main devant la bouche pour cacher aux clients que je baille devant un reportage sur la pêche au colin.

Alors disons que la première fois que j'ai écouté le suédois, c'était devant un film de Bergman. J'ai tout de suite aimé, je crois. Ca roule et ça coule tout seul, c'est doux dans la bouche des femmes et poétique dans celle des hommes. Ils ont même des intonations bizarres qui font sourire. Et aussi cette lumière fantastique, fascinante, à la fois basse, contre la terre, et aérienne.

Dans A Swedish Love Story, j'ai vu pour la première fois ce monde en couleur, un jardin derrière un hôpital, un bouquet de fleurs champêtres, un atelier de mécanique, un bar à ados avec un flipper et un jukebox à 33 tours... J'ai appris qu'en été on fêtait les écrevisses.

J'ai acheté des meubles chez Ikéa, j'y ai mangé bio et équilibré, j'ai même goûté du renne fumé. J'ai compris pourquoi le Père Noël était si gros.

Un jour je parlerai suédois.

Un organe dans ma tête

Quand je pense à ma tête, je pense aux pensées qui la traversent, à ce que j'y entasse et compte y entasser, à ce que j'essaie d'en chasser et qui revient toujours. Je déteste le mot cerveau. Ma tête n'est pas un bocal de formol. Je n'aimais pas la salle de biologie du lycée.

Et pourtant, allongée dans ce tunnel aseptisé, je suis bien une souris qu'on dissèque, je suis bien un objet de science. J'ai beau dire qu'il n'y a aucun risque que je sois enceinte, on me plaque tout de même une protection contre le ventre pour protéger un hypothétique embryon des rayons du scanner. Je suis vexée. Les mots n'ont aucune valeur ici, seul le négatif des tranches successives d'un organe, empilées les unes sur les autres, signifie quelque chose.

"A noter un léger pneumatisme du grand aile du sphénoïde droit". Tout ce que je comprends, c'est que mon cerveau n'a rien. Si je déteste le nommer je pense à lui tous les jours, à sa possible défaillance. La folie, le cancer, une tumeur, un infarctus, une rupture d'anévrisme, une commotion cérabrale.

Genet a dit que si Rimbaud avait écrit à propos de la quille brisée d'un bâteau, c'est parce qu'il savait au fond de lui qu'on lui amputerait la jambe. Il pense que chaque homme a un don de divination concernant sa mort. Je mourrai des suites d'un accident cérébral.

Mais pas encore, pas encore. Pour l'instant, je contemple avec une inquiètude tranquille l'image de mon cerveau normal et sain.

samedi 13 décembre 2008

Fanatisme

J'ai découvert aujourd'hui que j'ai le même agenda 2009 que M. Casanova, mon prof de littérature. Je ne saurais décrire l'effet que ça me fait. Grrr...

samedi 6 décembre 2008

Self Confidence

"Look into my eyes, into my shiny eyes"
Avec les Sweet Vandals j'arrive à être de bonne humeur même avec un évier plein de vaisselle. C'est peut être parce dans les paroles il y a tout ce que je veux être et que je ne suis pas. Et que même si la chanteuse est pas top, elle croit à fond à ce qu'elle dit. Moi je fais juste semblant, mais avec mon casque qui fait aussi cache-oreilles, j'arrive à croire que j'ai moi aussi une pure voix qui sent la chaleur.
"You have to say that you are crazy for me, say it loud !"
Mon éponge tourne en rythme autour des assiettes et des casseroles. Waouh ça peut être fun de faire la vaisselle finalement.
"I'm a superwoman living on your dreams"
C'est fou comme parfois j'ai une folle envie de me descendre toute seule plus bas que terre, de me répéter pernicieusement que je ne suis pas assez bien, qu'on ne tombera jamais amoureux de moi et que ces choses que je vois et entends, personne ne me les dira ou ne le fera pour moi... Mais s'il y a quelques années j'aimais bien tourner en boucle, aujourd'hui il y a quelque chose en moi qui me pousse à changer de disque et à monter le son.
"Oh Darling, when I clap my hands you come to me, cause I got you Man !"

The Sweet Vandals - I Got You Man

mardi 2 décembre 2008

C'est la révolution !

J'ai internet à Pau ! Ouais, après trois ans dans mon apart, et un mois avant mon départ, il était temps...