dimanche 2 novembre 2008

On est déjà/que le neuf juillet

Publié le 9 juillet 2008

Je pensais avoir des choses à dire, et puis en fait non. C'est toujours comme ça. J'ai subitement envie d'écrire et je me plante devant la page. Le vide. Comme d'hab. C'est moi qui suis vide. Tout ce que je fais en ce moment est vide de sens. Je n'avance en rien. J'ai 20 ans et je bugue.

A la sortie du lycée, en arrivant à la fac, j'ai eu l'impression de faire un grand pas, d'aller vers ce que je suis. Mais je suis quoi, au juste ? Et je vais vers quoi ? Vers celle que je veux être, celle que je dois être, celle que je serais forcément ? On ne se pose pas toutes ces questions quand on est gosse. "Moi je veux être vétérinaire" et voilà point barre, affaire réglée. Il faut faire attention à ce genre d'affirmation. Si je l'avais écoutée, celle-là, je serais partie en scientifique... Oui, moi.

Fort heureusement, ce gros geek qui me tenait lieu de prof d'informatique m'a ouvert les yeux. La personne la plus insignifiante qui soit, le prof le moins remarquable que j'ai jamais eu, qui enseignait la matière dont j'avais le moins à foutre, a joué un rôle décisif dans ma vie. C'est dingue. Depuis, je ne considère plus personne comme "insignifiant". Il m'a dit quelque chose comme "il faut réfléchir à ce qu'on veut vraiment". C'est tout con, et pourtant on y pense pas souvent.

Ce que je veux vraiment... Vraiment ? C'est dur de s'écouter au final, de ne pas se voiler la face, de regarder notre vie telle qu'elle est, sans les divers filtres qu'on pose dessus pour la rendre supportable. Pour la première fois depuis très longtemps, j'ai regardé ma chambre, comme j'ai regardé ma maison juste avant cela, et je n'ai rien vu qui me ressemblait. J'avais l'impression d'être dans la chambre d'ami d'une maison inconnue. Ce serait comme jouer En attendant Godot dans un décor de vaudeville. Je me suis rendue compte que j'avais honte de certaines choses qui s'y trouvaient. Plus je discute avec mes parents et plus je me rends compte que je me suis éloignée d'eux, de leur façon d'être, de penser, je ne suis plus chez moi chez eux, j'ai envie de tout changer, ou de partir. J'ai honte de ce milieu où j'ai grandi. Je me déteste de dire ça.

Au fond, c'est de moi même dont j'ai honte. J'ai honte de tout ce qui me constitue. J'aimerais tellement être une autre personne parfois, puis au final je me dis que je ne m'aimerais pas quand même. J'essaie par tous les moyens de me détacher de ce que j'ai été, et d'aller vers ce à quoi j'aspire, mais j'ai tellement peur de m'y perdre, que tout ça sonne encore plus faux, que je devienne un monstre rapiécé avec des bouts de peau qui ne sont pas les miens...

J'ai toujours couru après quelque chose qui n'était pas pour moi, essayé de m'intégrer parmi des gens qui ne me correspondaient pas, parce que je les enviais, les admirais, je me suis pervertie tellement de fois, au sens littéraire du terme, j'ai passé tant de temps à essayer de ressembler à des gens que j'en ai oublié de chercher qui j'étais. Le temps ne nous apprend rien, je continue plus ou moins. Je me cache, parce que j'ai honte, parce que je n'ai pas les épaules pour me planter et affirmer haut et fort "voilà, je suis comme ça, à prendre ou à laisser".

C'est pour ça que j'aime le théâtre. Ca me repose. Au moins quelques heures dans ma vie où je n'ai plus à supporter d'être moi, où je peux être quelqu'un d'autre sans avoir mauvaise conscience. Je m'amuse, j'aime être un personnage, m'oublier. Paradoxalement c'est peut être sur scène que je suis vraiment moi même. Sans mon passé qui me pèse, sans mes problèmes qui m'attristent, sans mes complexes qui me bloquent. Mais encore une fois, je me montre sous un masque, et j'ai la désagréable intuition que sous le masque il n'y a plus grand chose... J'ai pas du tout l'impression de me taper une analyse de texte sur Lorenzaccio là...

Demain je bosse, une chose est sûre, jamais je ne pourrais bosser définitivement...

Hier soir, j'ai rêvé en noir et blanc, avec un éclairage travaillé digne d'un film de Bergman, mon réveil m'a fait oublier le sujet. C'était beau.


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