Publié le 2 juin 2008
Je me souviens m'être foutue de la gueule de Fanny quand elle m'avait assuré avoir pris un coup de vieux en passant au dessus de la barre fatidique. Toutes mes excuses. Moi aussi je le prends le coup, en plein dans la figure.
Je sais, je devrais faire un bilan. A dix ans, on est encore trop jeune mais à vingt, on a la pleine conscience que le temps passe, que les évenements nous échappent et qu'on ne contrôle pas vraiment notre vie, que tout nous file entre les doigts. A dix ans, je pensais qu'à vingt ans je serais une star de quelque chose, du cinéma ou autre. J'avais tellement besoin de reconnaissance. Je n'ai pas vraiment évolué, j'en suis toujours au même point, j'ai sans doute même encore plus besoin de cette reconnaissance.
Avant je pensais que j'étais le centre du monde pour mes parents, ils étaient les personnes que j'aimais le plus. Qu'en dire aujourd'hui ? Ca fait des années qu'on ne m'a rien offert pour mon anniversaire. J'ai beau me concentrer, je ne me souviens pas de ce qu'ils m'ont offert pour mes 18 ans. Je me souviens d'une enveloppe remplie de vieilles photos que Claire m'a remis comme quelque chose de précieux, oui ça je m'en souviens. Je me souviens d'autres cadeaux de moindre valeur que m'ont offert mes amis, des objets que je garde comme des reliques saintes, des petites choses pourtant. Je ne demande pas beaucoup.
L'esprit y est sans doute, mais comment je peux le savoir, s'il manque le geste ? Un chèque. Voilà, pour mes vingt ans, j'aurais eu un chèque, comme toutes les autres années, comme tous les autres Noël, un bout de papier signé qui ne demande aucun autre effort que celui d'aller chercher son porte feuille. "On a pas les même goûts, on savait pas quoi t'offrir, et puis avec le boulot on a pas pu descendre". Voilà, j'ai vingt ans et je suis une étrangère dans ma propre maison. Ca ne viendrait à l'idée de personne de prendre une heure pour aller choisir quelque chose pour moi. Au moins j'aurais su qu'elle m'aurait eu dans la tête pendant quelques minutes, j'aurais pu l'imaginer en train de se dire "Ca lui fera plaisir". Là j'ai juste l'image du stylo plume que j'ai cherché partout pour elle, qui signe ce putain de chèque insignifiant pour moi.
Ils ne seront pas là le soir de mon spectacle de théâtre. Ils ne seront plus là désormais. Tout ce que j'entreprendrais, ce sera seule. C'est ça avoir vingt ans, c'est se rendre compte qu'on compte moins. Et qu'on est seul. Plus personne ne me tiendra la main pour traverser la route. Je serai la seule à savoir l'état exact de mon humeur, je serai la seule à savoir que je pleure.
J'ai vingt ans et je suis la version la plus misérable de la vie que j'avais imaginé. Je n'ai encore rien fait de ce que j'avais envie de faire, rien vécu de ce que j'avais envie de vivre. Vingt ans à peine et déjà tant de gaspillage.
Je fais pas de fête. Tout le monde fait une fête pour ses vingt ans. Ils auraient pu organiser un truc. Mais non. Ma cousine aura reçu plein de cadeaux inutiles qui témoignaient de l'amour de ses proches. Moi je recevrai de l'argent comme d'habitude. C'est plus simple, elle s'offrira ce qu'elle veut. Ben non on va pas s'embêter.
Heureusement mes amis sont là. C'est peut être eux la famille finalement. Une famille qui va et vient. Quelque chose d'aussi instable que la vie.
On ne grandit pas vraiment, seulement on se rend compte. Et c'est pas beau.
Joyeux anniversaire.
Je me souviens m'être foutue de la gueule de Fanny quand elle m'avait assuré avoir pris un coup de vieux en passant au dessus de la barre fatidique. Toutes mes excuses. Moi aussi je le prends le coup, en plein dans la figure.
Je sais, je devrais faire un bilan. A dix ans, on est encore trop jeune mais à vingt, on a la pleine conscience que le temps passe, que les évenements nous échappent et qu'on ne contrôle pas vraiment notre vie, que tout nous file entre les doigts. A dix ans, je pensais qu'à vingt ans je serais une star de quelque chose, du cinéma ou autre. J'avais tellement besoin de reconnaissance. Je n'ai pas vraiment évolué, j'en suis toujours au même point, j'ai sans doute même encore plus besoin de cette reconnaissance.
Avant je pensais que j'étais le centre du monde pour mes parents, ils étaient les personnes que j'aimais le plus. Qu'en dire aujourd'hui ? Ca fait des années qu'on ne m'a rien offert pour mon anniversaire. J'ai beau me concentrer, je ne me souviens pas de ce qu'ils m'ont offert pour mes 18 ans. Je me souviens d'une enveloppe remplie de vieilles photos que Claire m'a remis comme quelque chose de précieux, oui ça je m'en souviens. Je me souviens d'autres cadeaux de moindre valeur que m'ont offert mes amis, des objets que je garde comme des reliques saintes, des petites choses pourtant. Je ne demande pas beaucoup.
L'esprit y est sans doute, mais comment je peux le savoir, s'il manque le geste ? Un chèque. Voilà, pour mes vingt ans, j'aurais eu un chèque, comme toutes les autres années, comme tous les autres Noël, un bout de papier signé qui ne demande aucun autre effort que celui d'aller chercher son porte feuille. "On a pas les même goûts, on savait pas quoi t'offrir, et puis avec le boulot on a pas pu descendre". Voilà, j'ai vingt ans et je suis une étrangère dans ma propre maison. Ca ne viendrait à l'idée de personne de prendre une heure pour aller choisir quelque chose pour moi. Au moins j'aurais su qu'elle m'aurait eu dans la tête pendant quelques minutes, j'aurais pu l'imaginer en train de se dire "Ca lui fera plaisir". Là j'ai juste l'image du stylo plume que j'ai cherché partout pour elle, qui signe ce putain de chèque insignifiant pour moi.
Ils ne seront pas là le soir de mon spectacle de théâtre. Ils ne seront plus là désormais. Tout ce que j'entreprendrais, ce sera seule. C'est ça avoir vingt ans, c'est se rendre compte qu'on compte moins. Et qu'on est seul. Plus personne ne me tiendra la main pour traverser la route. Je serai la seule à savoir l'état exact de mon humeur, je serai la seule à savoir que je pleure.
J'ai vingt ans et je suis la version la plus misérable de la vie que j'avais imaginé. Je n'ai encore rien fait de ce que j'avais envie de faire, rien vécu de ce que j'avais envie de vivre. Vingt ans à peine et déjà tant de gaspillage.
Je fais pas de fête. Tout le monde fait une fête pour ses vingt ans. Ils auraient pu organiser un truc. Mais non. Ma cousine aura reçu plein de cadeaux inutiles qui témoignaient de l'amour de ses proches. Moi je recevrai de l'argent comme d'habitude. C'est plus simple, elle s'offrira ce qu'elle veut. Ben non on va pas s'embêter.
Heureusement mes amis sont là. C'est peut être eux la famille finalement. Une famille qui va et vient. Quelque chose d'aussi instable que la vie.
On ne grandit pas vraiment, seulement on se rend compte. Et c'est pas beau.
Joyeux anniversaire.
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